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Le blog du Shadokk !!!
30 juin 2005

Au paradis du sorbet.

Enfin ce foutu soleil se couche. Quelle vie. Des journées passées à vendre des glaces à de répugnants touristes. Ce soleil m’use. Et pourtant, de lui dépend mon gagne pain.

Il me tape sur le système et me transforme en machine. Une caramel ? Ça fera 2 euros s’il vous plait Madame. Une double ? 3 euros Monsieur. Toujours la même rengaine et toujours cette chaleur infernale qui m’empêche de réfléchir.

Je crois que j’aurais craqué si je ne l’avais rencontrée. Enfin… avec du recul, je me demande si c’était une bonne chose. Je me souviens encore de sa petite moue lorsqu’elle m’a demandé

-        « vous fermez ? »

-        « Non, je fais de l’exercice, ça n’se voit p… » son sourire m’avait coupé la chique.

Et j’ai tout r’déballé pour une dernière double.

Elle est passée chaque jour de la semaine suivante. Moi je faisais le beau derrière mes cornets et elle, de son coté, elle m’encourageait.

Ca faisait passer le temps. Je n'sais pas si c’est pour ça qu’elle l’a fait mais les minutes, elles défilaient.

Enfin, un soir j’lui ai demandé :

-        « Tu fais quoi ce soir ? »

Faut dire que j’savais pas trop comment qu’on dit avec les gonzesses. Ma sœur n’a eu de cesse de le répéter « ne parle pas trop vite et réfléchis à ce que tu dis avant d’inviter un femme ».

Là, j’ai pas trop réfléchi mais elle a répondu :

        - «  Je passe la soirée avec toi »

- « Cool », j’ai dit.

Et on est allé sur la plage. C’était vachement bien. Ça a été vachement bien pendant une semaine et puis, je n'sais pas, elle a changé.

Elle n’arrêtait pas de trémousser son petit cul du coté de la baraque à frites. Je l’ai su à l’odeur. Ça trompe pas les frites.

Et puis un jour elle me dit :

-        « Ben non, ce soir j peux pas, j’ai un truc de prévu ».

Tu parles. Mais j’ai rien dit.

Et puis comme ça, elle avait de plus en plus de « trucs »de prévu. Alors un soir, l’air de rien, je l’ai suivi.  Je la voyais, elle et son petit cul se dandiner en direction de la plage. Elle n’arrêtait pas de regarder en arrière. Vous n’allez pas me dire que quelqu’un qui passe autant de temps le cou tordu n’a rien à se reprocher !

Je l’ai senti, gros comme ça, j’vous jure. Chacun de ses mouvements de tête semblait me prendre pour un con.

Y avait cette barre de fer qui tenait près de la poubelle. Ça a été machinal. Je n’sais même pas pourquoi je l’ai prise… un réflexe.

A peine le temps d’un stop de deux seconde et la v’là partie je ne sais où. La garce.

Mais moi on ne me la fait pas. J’ai passé trop de temps planqué à pister la mort pour me faire semer comme ça.

Une enjambée à gauche, un saut sur la droite, et hop, comme au bon vieux temps, à plat ventre dans les herbes, l’oreille ouverte, la caisse de résonance en alerte.

Elle était derrière la dunette, et pas toute seule. La salope.  J’ai rampé tout doux, tout doux, pour ne pas que l’oiseau s’envole. Et J’ai bondi, la barre au dessus de la tête et je leur ai creusé le crâne jusqu'à m’en arracher les cornes. Et puis plus rien. Le silence. Le ressac. Le silence, le ressac. Rien pendant quelques minutes, le temps que mes yeux s’habituent à ma dernière création.

Et c’est là que j’ai compris. Quel con !

Le gars, il n’avait plus grand-chose d’humain mais sa tignasse ne pouvait mentir. Je me suis penché pour voir de plus près et ai confirmé mes soupçons. Ils n'baisaient pas, ils s’en mettaient plein le pif. Je l’ connais l’autre, c’est lui qui me fournissait avant que j’arrête, avant cette putain de cure. Y a d’la blanche partout. C’est pour ça qu’elle ne m’a rien dit. Quel con.

Bon, il a fallu que je gère le truc. Ce qui est bien avec le sable, c’est que ça se creuse facilement. Alors j’ai creusé, creusé, et les ai foutu dans le trou comme si j’eus tenu absolument à célébrer leur union.

J’ai  tout remis à niveau. Je savais comment faire, j’ai fait ça comme taf’en période de proba’. Non pas mettre des gens dans les trous, mais égaliser les dunes, planter des herbes pour éviter qu’elles bougent. Tout l’ tintouin pour touriste, quoi.

C’est con, j’l’aimais bien la fille, que je me suis dit en regagnant la plage. Et puis je suis allé me pieuter, vite fait bien fait.

Le lendemain j’ai ouvert la boutique, installé les glaces comme d’habitude, servi les premiers clients.

Une caramel, deux euros madame… une double, ça fait trois.  Et puis le téléphone sonna.

-        « Au paradis du sorbet, bonjour »

Et c’est là que, pour la première fois j’entendis cette voix maintenant familière.

-        « Monsieur Duvic, je crois avoir en ma possession un objet vous appartenant ».

-        « Ah ? c’est quoi », j’lui dis

-        « Il me semble avoir trouvé, sur la dune, une barre de fer vous appartenant… peut être pourrions nous trouver un arrangement ? »

-        « Chui pas dans la merde », que j’ai dit.

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